Un article daté du 20 mars 2020
https://www.lobservateurdebeauvais.fr/2020/03/20/beauvaisis-martial-restaure-pour-vous-les-flippers-des-troquets-dantan/Martial Haslay, 50 ans est le patron de « Depanflip« , cette société basée dans un petit village proche d’Auneuil est spécialisée dans la réparation et l’entretien de flippers. Une profession insolite née d’une passion folle qui remonte à son plus jeune âge.
Martial est le gérant de la société Dépanflip installée près d’Auneuil. Il répare et redonne vie aux flippers anciens pour des particuliers. + d’infos :
www.depanflip.fr / 06.63.79.13.18.
De la pâtisserie à la mécanique aéronautique jusqu’au flipper« Mon premier flipper je l’ai eu quand j’avais 11 ans« , Martial Haslay s’en souvient encore comme si c’était hier : « Je l’ai aperçu dans une grange chez des amis de mes grands-parents, c’était un modèle de 1951, ils me l’ont offert« .
Sans le savoir, ce présent va complètement bouleverser la vie du petit garçon. « J’ai toujours été fasciné par la bille derrière la vitre, j’avais envie de pouvoir la toucher… ça me frustrait ».
La « salle de jeu » de Martial vous propulse dans l’ambiance des cafés des années 80, en plus des lumières colorées des flippers, jukebox, néons, et pin-up sont également au rendez-vous.
Une salle de jeux dans son sous-solUn sentiment que ne ressent désormais plus cet habitant d’un village proche d’Auneuil, alors qu’il nous reçoit dans le sous-sol de sa maison transformée en vrai caverne d’Ali Baba pour fous du flippers.
Dans ce lieu décoré façon bar américain, une trentaine de flippers sont alignés, il y en a de toutes les époques et pour tous les goûts. Tout le patrimoine de la pop-culture y passe : Rambo, La Famille Addams, Indiana Jones, La Panthère Rose, Spider-Man…
Une grande partie de ces « billards électriques » (nom français des flippers) fait partie de la collection de Martial.
Une installation qui n’a pas manqué de faire « jaser » dans son village : « Au début avec les lumières la nuit, certains pensaient qu’il y avait une salle de jeux clandestine » sourit-il.
« Je peux prendre sur demande des vieux coucous et les retaper pour leur donner une nouvelle vie »
C’est en décembre dernier que ce père de famille a fondé « Depanflip » une société spécialisée dans l’entretien et la restauration de flippers : « Je peux prendre sur demande des vieux coucous et les retaper pour leur donner une nouvelle vie« .
Avant de se lancer dans cette aventure, Martial a eu de multiples vies. Diplômé d’un CAP en pâtisserie, il s’est vite éloigné de cette pratique qu’il n’exerce aujourd’hui plus que pour le plaisir. C’est dans un tout autre secteur qu’il a longtemps travaillé, celui de la mécanique de précision dans l’aéronautique. Il a notamment participé à la conception de pièces pour des avions de chasse comme les Mirages 2000 et les Rafales.
Ce n’est qu’après avoir découvert que « réparer des flippers pouvaient être un métier » qu’il a décidé de se former grâce à un ami travaillant déjà dans ce domaine : « Au final ce n’était pas si éloigné de mon ancien métier, le flipper c’est de l’ajustage mécanique et de l’électronique » .
Une expérience acquise « de rade en rade »Pendant 6 ans, il va alors aller de « rade en rade » chez des cafetiers pour réparer des flippers tout en commençant en parallèle à dégotter et réparer des machines pour rendre service à des amis.
Prenant conscience qu’il existe un vrai marché à saisir, Martial décide de se lancer : « Il y a un vrai sentiment de nostalgie, celle des troquets de l’époque, des cinquantenaires veulent se procurer un flipper pour revivre ce qu’ils ont vécu plus jeunes ».
Désormais Martial travaille uniquement sur commande de particuliers, en plus de l’entretien des machines, ils conseillent également ceux qui le souhaitent pour leurs projets d’acquisition : « Ils peuvent trouver un flipper sur le boncoin et je peux leur dire si ça vaut le coup et le travail qu’il y a à faire dessus« . Combien ça coûte ? « Ça varie en fonction du modèle, de son âge et de son état, ça peut aller de 1500 à 7500 € ».
Nostalgie des troquets d’antanDans son atelier, Martial s’affaire sur les rouages d’un vieux flipper complètement désossé. En quoi consiste son travail ? « C’est très varié, je peux changer une ampoule qui crame, remplacer des élastiques, vérifier des contacts électriques, dégraisser des mécanismes… ».
Martial répare également les appareil avec monnayeur (bandits manchots, babyfoot électrique…).
Il travaille sur tout types de flipper qu’ils soient à rouleaux ou digitaux : « J’ai déjà réparé des modèles datant de 1953 à 2019″. Soit près de 70 ans d’évolution technologique et pourtant : « Ça évolue oui mais au final le principe du jeu reste le même ».
Il souligne d’ailleurs que le flipper reste avant tout « un jeu de chance » : « Il n’y a pas vraiment de meilleurs joueurs, c’est de la chagatt’, faut viser là où ça brille » (rires). Ce passionné ne manque pas d’anecdotes croustillantes : des « combines » qu’il usait autrefois pour jouer « à l’œil » en passant par le fait que le flipper était alors interdit aux moins de 16 ans et qu’en cas de bris de glace « on pouvait prendre une amende de 100 francs ».
Il a créé son propre flipper « Lucien »Martial a conçu son propre flipper sur le thème de la bande dessinée humoristique très rock’n’roll « Lucien ». En plus de la partie mécanique et électronique, il est aussi l’auteur des dessins et des peintures du plateau de jeu. Un vrai travail d’orfèvre qui a nécessité plus de 6 mois de travail. Martial a inséré des détails de sa vie sur le plateau : « Des souvenirs avec des potes, toutes les bêtises qu’on a fait et encore j’ai pas tout mis le plateau n’était pas assez grand » sourit-il. Un modèle unique en son genre qui a reçu l’approbation de Frank Margerin l’auteur de la BD originale.
Un passion transmise à son filsUne passion dévorante qui s’est aussi révélée contagieuse : « J’ai refilé le virus à mon fils. Il est dans la marine et récemment il m’a mis en contact avec des exploitants en Australie et en Nouvelle-Calédonie ». « Partager son amour du flipper » c’est avant tout ce qui l’a toujours motivé : « Le flipper ça se joue à plusieurs, on essaie d’exploser le score de l’autre en rigolant ».
Si ce passionné regrette la disparition des flippers dans les bars qui ont été « remplacées progressivement par d’autres machines », il reste confiant pour l’avenir : « Ça reviendra, tout dépend de la volonté des exploitants ». Bien qu’ayant réussi à professionnaliser sa passion, Martial n’a pas lâché le jeu pour autant, c’est d’ailleurs l’une des motivations premières de sa nouvelle entreprise : « Désormais je peux jouer sans payer, j’ai ma vengeance ! » (rires).